Parentalité positive
29/04/2020 - Il n’est pas rare que les tout-petits tapent, griffent ou mordent leurs frères, leurs sœurs ou même leurs copains d’école sans que les adultes ne saisissent toujours pourquoi. Claudine Crommar, thérapeute spécialisée dans la relation parents-enfants, nous aide à mieux comprendre et à réagir face à ce comportement.
© Katerina Ilievska
C’est une attitude qui trouble beaucoup de parents : voir leur enfant s’en prendre physiquement à un autre est évidemment source d’inquiétude. Ce comportement est pourtant assez courant chez les jeunes enfants : « Frapper n’est pas un signe d’agressivité mais plutôt d’assertivité chez les tout- petits de moins de trois ans », souligne Claudine Crommar. L’assertivité est liée à la capacité à exprimer son besoin et son ressenti. « Les jeunes enfants ne sont pas encore en mesure de trouver les bons mots pour se faire comprendre. Ils utilisent donc un moyen d’expression à leur portée. »
L’enfant ne tape généralement pas sans raison ou pour le plaisir de faire mal : il essaie simplement de communiquer à sa manière une frustration ou un sentiment d’injustice qu’il ressent, par exemple quand sa sœur veut jouer avec son jouet préféré.
Vous pouvez aider l’enfant à exprimer sa frustration d’une manière non violente.
Comment réagir face à cette situation ? Il est essentiel de faire comprendre clairement et calmement à l’enfant que son geste n’est pas toléré. « Mettez- vous à sa hauteur pour lui parler, indique Claudine Crommar. Avec un vocabulaire adapté à son âge, demandez-lui de vous expliquer pourquoi il a agi ainsi. Dites- lui que vous aimeriez comprendre la raison de son geste. » S’il est trop agité pour communiquer, accordez-lui quelques minutes pour se calmer avant d’entamer le dialogue. Un enfant submergé par ses émotions aura du mal à s’exprimer correctement.
Les plus petits ne sont toutefois pas forcément capables de mettre des mots sur leur ressenti et ne connaissent pas toujours eux- mêmes la véritable cause de leur excitation. Il est donc d’autant plus important de ne pas les laisser gérer seuls leurs émotions négatives. Même s’ils ne maîtrisent pas encore le langage, ils perçoivent votre intention d’écouter leurs frustrations.
Claudine Crommar« Les jeunes enfants n’ont pas encore un langage verbal développé et utilisent donc le langage physique. »
« Si votre enfant est souvent dépassé par ses émotions, il est bon de lui donner régulièrement des occasions d’extérioriser ses sentiments négatifs. Vous pouvez par exemple lui proposer de déchirer des morceaux de papier dans un journal, d’en faire des boulettes et de les jeter contre un mur », suggère la thérapeute.
Cela l’aidera à exprimer sa frustration d’une manière non violente et respectueuse des autres. Si malgré tout les coups ou les morsures se répètent fréquemment, il est alors important de réfléchir aux causes sous-jacentes à cette attitude avec l’aide d’un professionnel.
Il est important que l’enfant prenne conscience qu’il existe des limites et que certains comportements ne sont pas acceptés. Les tout-petits comprennent très tôt la signification du « non ». Ils deviennent progressivement capables de respecter une interdiction de leurs parents et de l’intérioriser. « C’est pourquoi votre réaction doit toujours être cohérente et invariable dans le temps », explique Claudine Crommar. Petit à petit, l’enfant se rendra compte qu’il ne peut pas utiliser les coups pour communiquer et, au fur et à mesure qu’il sera apte à utiliser le langage, ceux- ci disparaîtront pour être remplacés par les mots.
Claudine Crommar : « Les causes des gestes violents chez les tout- petits peuvent être multiples. Il s’agit généralement d’une façon d’exprimer une émotion négative. Les jeunes enfants n’ont pas encore un langage verbal développé et utilisent donc le langage physique. Les coups peuvent être l’expression d’un stress ressenti à la maison, à la crèche ou à l’école. De grands bouleversements tels qu’un divorce, un déménagement ou le décès d’un proche peuvent aussi mettre l’enfant sous pression. »
« La jalousie dans les fratries est également une cause à ne pas négliger : lors de l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur, les aînés peuvent avoir des difficultés à accepter de devoir partager leurs jouets et l’amour de leurs parents. Cette frustration légitime peut s’exprimer chez certains par des gestes violents. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas laisser trop longtemps de jeunes enfants ensemble dans une pièce sans surveillance. Les plus grands pourraient profiter de l’absence de papa ou de maman pour taper. »
« Enfin, certains enfants sont tout simplement un peu plus distants par nature et n’aiment pas les contacts physiques rapprochés. En mordant ou en frappant, ils tentent juste de faire respecter leur ″bulle″ », conclut la thérapeute.
Apportez votre soutien et soutenez les enfants dans le besoin !