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Familles en Belgique

Voler de ses propres ailes à 18 ans ? Un sacré défi !

Les jeunes vivent en moyenne chez leurs parents jusqu'à l'âge de 26 ans. Mais les choses sont différentes pour les jeunes qui ont grandi dans l’aide à la jeunesse et qui n’ont pas toujours la possibilité de pouvoir s’appuyer sur leur famille. Ces jeunes doivent déjà faire preuve d’une grande autonomie dès leurs 18 ans. Chez SOS Villages d'Enfants, nous trouvons important de ne pas les laisser seuls lors de cette transition. Vous découvrirez dans ce dossier comment nous accompagnons les jeunes vers une vie indépendante.

Autonomie Jeunes Jongeren 1

© Gerhard Berger

Seuls mais avec plein de questions

SOS Villages d'Enfants fête cette année ses 60 ans d’existence en Belgique. Cela fait donc 60 ans que nous offrons un foyer sûr à des enfants qui ne peuvent (temporairement) pas vivre auprès de leurs parents. Sur base de notre expérience, nous savons que le passage de l’aide à la jeunesse vers la vie adulte en autonomie est loin d’être évidente. D’après les jeunes, ce changement est source de peur, d'incertitude et de tout un tas de questions pratiques : « Comment vais-je payer mon loyer, mes factures et mes courses alors que je n'ai que peu ou pas de revenus ? »

Partir vivre de façon indépendante est aussi une grande étape sur le plan émotionnel : il faut quitter les éducateurs et les amis avec lesquels vous avez vécu pendant des années pour un endroit inconnu. Ces jeunes n’ont en plus pas toujours la possibilité de compter sur leur réseau familial et ne savent pas forcément vers quels organismes se tourner s’ils ont besoin d’aide.

C'est pourquoi nous préparons du mieux possible les jeunes afin qu'ils puissent franchir le pas vers la vie indépendante.

En kot dans le village d’enfants

Dans notre Village d’Enfants SOS Chantevent, près de Marche-en-Famenne, quatre adolescents peuvent choisir d’aller « vivre en kot » dès leurs 16 ans. Ils y vivent de manière autonome et apprennent à acquérir les habitudes d’une vie indépendante avec le soutien régulier de nos éducateurs : bien utiliser leur argent, faire à manger, prendre des rendez-vous… Et toujours à leur rythme.

Et, parce que nous avons conscience que tous les jeunes ne se sentent pas forcément prêts à vivre seuls à 18 ans, nous gérons depuis 2008 quatre studios individuels dans notre Maison l’Olivier à Hollogne. Quatre jeunes entre 18 et 23 ans y vivent en toute autonomie : ils font leurs courses, s’occupent de leur logement, poursuivent leurs études ou leur projet professionnel… tout en sachant que nos éducateurs sont là pour eux comme filet de sécurité s’ils rencontrent des difficultés sur le plan pratique ou émotionnel.

En parallèle, nous accompagnons également une douzaine de jeunes majeurs qui vivent dans leur propre logement dans les provinces de Namur et de Luxembourg.


« Des solutions vraiment individualisées »

« L’accompagnement se fait au cas par cas », explique Elodie, éducatrice dans nos projets jeunes en Wallonie. « Nous essayons de voir avec le jeune qui il est et quel est son projet pour l'avenir. Nous essayons de créer du lien avec les jeunes. Nous cherchons des solutions vraiment individualisées et nous tentons de répondre à leurs besoins en nous adaptant à chacun. »

Ine, éducatrice dans notre Maison Hejmo Plus près de Louvain, confirme : « Chaque jeune a des besoins, des questions ou des objectifs différents. » Nous y accueillons cinq jeunes âgés de 16 à 18 ans qui ont fui leur pays et sont arrivés seuls en Belgique. « Ces jeunes vivent généralement en Belgique depuis au moins un an. Mais ils ont encore besoin d’aide dans différents domaines de leur vie, souligne Ine. Nous leur offrons un accompagnement de groupe et un accompagnement individuel. Nous examinons avec chacun ses besoins en ce qui concerne l'administration, l’aspect psychosocial, le réseau social, l'école et le travail, la gestion de son budget, la santé mentale et physique, les activités quotidiennes… C'est une collaboration entre l’éducateur et le jeune. »

© Katerina Ilievska

Ine observe que chaque jeune a son propre processus de croissance : « Sur le plan psychosocial, nous remarquons à la fin du parcours de certains jeunes qu’ils se sentent mieux dans leur peau, osent nous dire des choses, parler des bons moments comme des plus difficiles… » Pour d'autres jeunes, il peut s’agir de questions plus pratiques, comme prendre les transports en commun de façon indépendante. « L’un des jeunes ne pouvait au début pas voyager en bus tout seul parce qu'il ne comprenait pas à quelle heure il devait le prendre, ou il téléphonait en panique parce qu'il ne trouvait pas son chemin. À la fin, il pouvait parfaitement utiliser Google Maps. » Cela peut sembler minime, mais c'est un grand pas en avant vers l'autonomie.

« Nous constatons que chaque jeune progresse dans différents domaines. Mais il est bien sûr impossible de tout apprendre avant 18 ans : ils devront encore apprendre d’autres choses après avoir quitté Hejmo Plus. C'est pourquoi nous essayons de trouver une organisation qui peut les aider, comme Minor-Ndako. C'est un accompagnement moins intensif, mais c'est une bonne transition entre Hejmo Plus et la vie indépendante. »

« Nous constatons que chaque jeune progresse dans différents domaines. Mais il est bien sûr impossible de tout apprendre avant 18 ans. »

Ine, éducatrice dans notre Maison Hejmo Plus

Les jeunes contribuent au changement

Nous pensons aussi qu'il est important de permettre aux jeunes de faire entendre leur voix dans les décisions qui concernent le monde et l'environnement dans lequel ils grandissent. Ils peuvent ainsi jouer un rôle important pour changer et améliorer l'aide à la jeunesse. C'est pourquoi nous veillons de plus en plus à ce que nos projets soient construits pour et par les jeunes. Mélanie, qui a travaillé comme formatrice dans notre projet visant à encourager des pratiques de prise en charge sensibles aux traumatismes des enfants, en est un bon exemple. Avec d'autres jeunes ayant une expérience dans l’aide à la jeunesse, elle a formé des éducateurs et d'autres professionnels travaillant dans l'aide à la jeunesse à la manière de mieux prendre en charge les traumatismes complexes des enfants.

Mélanie : « Les jeunes et moi pouvions apporter un avis différent aux éducateurs. Ceux-ci sont souvent en sous-effectif et doivent prendre soin de beaucoup d'enfants au quotidien. Cette charge de travail ne permet pas toujours d'analyser les situations du point de vue des jeunes, met-elle en avant. Les professionnels ont souligné que ma participation leur a beaucoup apporté : je leur ai donné le regard d’une jeune qui a vécu dans l’aide à la jeunesse, un regard qu'ils n'ont pas forcément. Je pouvais aussi leur dire : ″Attention, cette réaction ou cette situation a été difficile pour moi. N'oubliez pas que ces enfants ont un lourd passé, et que leur comportement est une réaction normale face à un vécu anormal.″ C’était aussi en même temps l’occasion de les remercier pour leur travail au quotidien, qui contribue à soutenir les jeunes dans leurs réussites. 

Deux nouvelles maisons d’accueil pour une dizaine de jeunes

Dans nos projets d’accueil, nous veillons à créer autant que possible un climat dans lequel les enfants et les jeunes se sentent suffisamment écoutés et compris. Ils peuvent ainsi contribuer à définir leur vie quotidienne et leur environnement.

Nous le faisons par exemple via des réunions « jeunes », mais nous l'intégrons également dans la vie quotidienne au sein de chaque projet.

Nous voulons aussi faire entendre la voix des jeunes à un plus haut niveau. Nous avons récemment échangé avec 17 jeunes à propos des défis qu'ils rencontrent dans leur vie quotidienne : De quel soutien supplémentaire ont-ils besoin ? Quelles sont les difficultés les plus importantes à leurs yeux ?... Nous voulons faire entendre la parole de ces jeunes aux décideurs, pour que les politiques de l’aide à la jeunesse soient inspirées des besoins et des demandes des jeunes concernés.

Un premier point important en la matière est d’augmenter les capacités de prise en charge des projets pour les jeunes. Car il y a encore
beaucoup de jeunes actuellement qui quittent l'aide à la jeunesse sans pouvoir bénéficier de suffisamment d’aide ou de conseils. Aussi bien dans nos projets en Flandre qu'en Wallonie, nous recevons plus de demandes que nous n'avons de places. Nous avons toutefois de bonnes nouvelles : nous pourrons ouvrir deux nouvelles maisons d'accueil près de Louvain pour dix jeunes réfugiés dans les prochains mois. 

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