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Familles en Belgique

Guerres et conflits : chaque enfant mérite de grandir dans un environnement sûr

11/04/2024 - Aucun enfant ne devrait avoir à grandir dans un environnement de violence ou d’insécurité. Pourtant, selon l’UNICEF, 400 millions d’enfants(1) dans le monde voient leur vie et leur avenir être bouleversés par des guerres ou des conflits et plus de 43 millions sont soumis à des déplacements forcés(2). Dans ce dossier, vous découvrirez comment nous tentons d’offrir, dans le monde mais aussi en Belgique, de la sécurité aux enfants confrontés à ces situations tragiques.

Kind en moeder

Dans l’un de nos projets en Roumanie, nous proposons des cours de langue à des familles ukrainiennes réfugiées pour faciliter leur intégration dans la société. © Katerina Ilievska



Des droits et de la sécurité en toute circonstance

Chez SOS Villages d’Enfants, notre mission est de veiller à ce que chaque enfant puisse grandir dans un environnement sûr et stable, dans le respect de ses droits et entouré d’adultes attentionnés qui lui offrent les soins, la chaleur et le soutien dont il a besoin. Nous estimons que tous les enfants ont droit à une protection, quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent, et même en temps de guerre. C’est d’ailleurs ce qu’exige depuis 35 ans la Convention internationale des droits de l'enfant. D’autant plus que les enfants confrontés à des conflits armés sont un groupe particulièrement vulnérable.

La Convention internationale des droits de l’enfant, qu’est-ce que c’est ?

Il y a tout juste 35 ans, en 1989, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Il s’agit d’un traité international d’une importance majeure. 196 États dans le monde l’ont ratifié, dont la Belgique où il est
entré en vigueur en 1992. La CIDE vise à garantir des droits aux enfants, notamment lorsqu’ils grandissent dans des situations de conflit armé en appelant les États « à respecter et à faire respecter les règles du droit humanitaire international » et à prendre « toutes les mesures possibles dans la pratique pour que les enfants qui sont touchés par un conflit armé bénéficient d'une protection et de soins » (article 38 CIDE).

Les enfants, premières victimes des conflits

Trop souvent, les enfants qui doivent (sur)vivre dans des conditions de conflit ou qui tentent de les fuir se retrouvent confrontés à des situations particulièrement dangereuses et difficiles pouvant impacter lourdement leur santé physique – ils sont plus à même d’être victimes de violence, d’abus ou d’exploitation – et leur santé mentale.

« Les principaux défis en matière de santé mentale en temps de guerre sont l'anxiété et le stress liés aux menaces et aux facteurs stressants quotidiens, les perturbations de leur vie, les sentiments de chagrin et de douleur liés à la perte d'êtres chers et de leur maison, ainsi que la peur et l'inquiétude liées à l'insécurité et à l'incertitude de l'avenir », explique Pernille Hansen, psychologue et conseillère en santé mentale et en soutien psychosocial chez SOS Villages d'Enfants(3).

Ces enfants risquent aussi davantage d’être privés de la chaleur et de la protection dont ils ont besoin, parce qu’ils sont séparés de leurs parents ou des adultes prenant soin d’eux, ou parce que ceux-ci perdent la vie. Ils peuvent aussi être témoins ou même victimes de formes graves de violence. Ces événements peuvent générer des traumatismes susceptibles d’affecter leur développement, leur comportement et leur santé.

© Katerina Ilievska

Nous offrons une prise en charge sensible aux traumatismes vécus

« La première et la plus efficace des réponses pour soutenir les personnes en détresse dans les situations d'urgence est le premier secours psychologique », appuie Pernille. Concrètement, cela consiste à Regarder, Écouter et Créer du lien : « L'aidant apprend à identifier ce que nous appelons des réactions "normales" à des événements anormaux et à aider la personne affectée à faire face à ces réactions. Il apprend aussi à identifier les réactions plus sévères qui requièrent de se tourner vers des services spécialisés pour obtenir une aide professionnelle en santé mentale, explique la psychologue. Une fois que les personnes sont dans une situation plus calme et commencent à se remettre de l'urgence, il est approprié de commencer à planifier des interventions pour les aider à traiter ce qu'elles ont traversé et à commencer à guérir de leurs expériences traumatisantes et de ce qu’elles ont perdu. »(4)

Cette forme d’accompagnement des enfants et des familles confrontés à des traumatismes est bien sûr d’une grande utilité dans les zones de conflit, comme en Ukraine, mais pas seulement : cette expertise en matière de traumatismes est aussi précieuse ici, dans nos projets belges, où nous accompagnons notamment des enfants et des jeunes qui ont rejoint notre pays à la recherche d’un endroit sûr. Certains sont arrivés chez nous avec (une partie de) leur famille, d’autres seuls. La majorité d’entre eux ont vécu des événements difficiles avant, pendant et même après leur arrivée. Tous ont besoin de retrouver un lieu sûr, chaleureux et stable où se poser et où trouver ensuite du soutien pour surmonter leurs traumatismes et aller de l’avant.

« La relation individuelle avec le jeune est très importante »

C’est ce que nous faisons depuis 2016 dans notre Maison Hejmo, près de Louvain, où nous accueillons une dizaine de jeunes mineurs étrangers non accompagnés. Certains d’entre eux proviennent de zones de conflit. Ici, nos éducateurs veillent à leur garantir un environnement accueillant, de la sécurité et un accompagnement. La prise en charge sensible aux traumatismes est l’un de nos points d’attention, car nous savons à quel point les expériences traumatiques ont un impact sur le développement. C’est pourquoi notre ambition est de former aux pratiques sensibles aux traumatismes l'ensemble de nos équipes (personnel éducatif mais aussi administratif et d’entretien) ainsi que d’autres organisations de l’aide à la jeunesse.

Nous avons également ouvert récemment trois Maisons Hejmo Plus pour soutenir des jeunes entre 16 et 18 ans dans la construction de leur nouvelle vie en Belgique. Les jeunes y bénéficient de l’accompagnement individuel d’un accompagnateur. « Cette relation individuelle est très importante. De cette façon, le jeune peut trouver la sécurité et la chaleur nécessaires pour avancer avec son traumatisme », explique Sara Bekaert, notre collègue responsable du projet. « Ici, nous les aidons à faire face à leurs difficultés en matière de sécurité
émotionnelle et physique. » Nous les accompagnons aussi en douceur dans la construction de leur réseau social et dans la préparation à la vie en autonomie, en fonction de leurs besoins spécifiques : apprendre à cuisiner, gérer leur budget, prendre soin d’eux-mêmes…

Dessin d’un enfant ukrainien : « Ta maison, c’est là où tu te trouves. » © Katerina Ilievska

Donner aux enfants ce qui leur a terriblement manqué

De septembre 2022 à mars 2024, nous avons également mis sur pied un espace dédié aux enfants ukrainiens à Kessel-Lo. L’objectif d’un
tel espace est de permettre à un petit groupe de jeunes enfants de participer régulièrement à des sessions de jeux en compagnie de nos accompagnateurs, qui restent aussi attentifs aux signes éventuels de traumatisme. Les enfants y trouvent ainsi un cadre sûr, chaleureux, clair et stable : des conditions primordiales pour s’épanouir, mais qui ont parfois manqué à ces enfants dont la vie a été chamboulée du jour au lendemain par des événements difficiles.

En plus de notre deuxième espace dédié aux enfants ukrainiens que nous avons ouvert en septembre 2023 à Louvain, notre équipe travaille actuellement pour ouvrir un nouvel espace à Bruxelles, dans un lieu où des personnes demandeuses d’asile – dont des enfants – sont accueillies. Nous espérons offrir à ces enfants une bulle de répit dans laquelle ils pourront simplement être des enfants, tout simplement.

© Lydia Mantler

© Lydia Mantler

Conflit dans l’Est de la RDC : nos équipes sur place prennent la situation au sérieux

Peut-être l’avez-vous déjà vu dans les médias : l’Est de la République démocratique du Congo est secoué depuis plusieurs années par des affrontements entre l’armée congolaise et le groupe rebelle M23. Plus de 1,3 million de Congolais ont fui la violence dans la région en deux ans, selon l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés(5).

Nos équipes sur le terrain qui organisent notre programme de renforcement de la famille restent particulièrement attentives à l’évolution de la situation : « Dans certaines régions, la situation d’insécurité pousse la population à organiser des manifestations pour la paix qui occasionnent parfois des échauffourées avec les forces de l’ordre », expliquent les équipes de SOS Villages d’Enfants RDC. « Ces situations peuvent déstabiliser nos activités dans les communautés. Nous avons donc renforcé nos évaluations sécuritaires dans la zone. »

La situation sécuritaire à l’échelle nationale et dans l’Est a également un impact sur la stabilité économique du pays et des participants, affectant ainsi indirectement « les activités génératrices de revenus des familles participantes, confrontées à une hausse des prix des produits et des matières premières », comme le détaillent nos collègues, qui envisagent de renforcer les familles dont les activités ont été les plus touchées.



(1) Source : UNICEF. (2023, novembre 20). “Children live in a world that is increasingly hostile to their rights”. UNICEF Latin
America and the Caribbean. https://www.unicef.org/lac/en/press-releases/children-live-world-increasingly-hostile-their-rights

(2) Source : UNICEF. (2023, juin 13). Number of displaced children reaches new high of 43.3 million. UNICEF. https://www.unicef.
org/press-releases/number-displaced-children-reaches-new-high-433-million

(3) & (4) Source : Miller, R. (2023, octobre 5). Mental health: strategies to support people amidst war, conflict and natural disasters - Q&A with Pernille Hansen, PhD, Psychologist and MHPSS Advisor. SOS Children’s Villages.

(5) Source : Organisation des Nations Unies. (2024, mars 26). RDC : 1,3 million de personnes déplacées par les violences dans l’Est. Organisation des Nations Unies. https://news.un.org/fr/story/2024/03/1144351

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