Familles dans le monde
14/08/2023 - Selon les chiffres des autorités ukrainiennes, plus de 19 000 enfants ukrainiens ont déjà été séparés de leurs parents et déportés en Russie depuis l'invasion russe. SOS Villages d’Enfants Ukraine suit de près cette problématique.
© Alexandra Terr
Serhii Lukashov, directeur de SOS Villages d’Enfants Ukraine : « Il s'agit d'un crime de guerre et d'un élément de génocide selon le droit international. »
SOS Villages d’Enfants Ukraine est l'un des trois acteurs qui travaillent activement au rapatriement des enfants concernés. « C’est une tâche vaste et complexe », déclare Serhii Lukashov. Jusqu'à présent, 385 enfants déportés ont été rapatriés en Ukraine, dont 84 par SOS Villages d’Enfants et ses organisations partenaires.
Pendant la guerre, les enfants ont été séparés de leurs parents de diverses manières. Serhii Lukashov : « Au début de la guerre, les familles ont été séparées par la ligne de front qui avançait rapidement. Les enfants se sont soudain retrouvés seuls dans des territoires occupés. Beaucoup ont été emmenés dans d'autres régions et en Russie. Plus tard durant la guerre, on a menti à des familles dans le besoin en leur disant que leurs enfants pourraient aller dans un camp de vacances pendant quelques semaines pour s’éloigner un peu de la guerre. Mais ils ne sont jamais revenus. Dans d’autres cas, les parents ont été arrêtés à la frontière lorsqu'ils ont tenté de quitter les territoires occupés avec leurs enfants, et les enfants ont été détenus. »
Serhii Lukashov« Nous planifions l’itinéraire avec les parents et leur expliquons ce qu’ils doivent dire aux postes frontières »
En Russie, les enfants ont été placés dans des foyers, des hôpitaux ou des familles d'accueil, et beaucoup d'entre eux ont reçu des passeports russes après une courte période. Serhii Lukashov : « Les enfants nous parlent de rééducation et de lavage de cerveau : on leur a dit que leurs parents et l'Ukraine les avaient laissé tomber et qu'ils seraient poursuivis s'ils rentraient. Certains enfants sont leurrés par de grandes promesses, d'autres sont soumis à des pressions. »
Souvent, ce sont les enfants eux-mêmes, en particulier les plus grands, qui recherchent du soutien via les réseaux sociaux par exemple. Dans d'autres cas, ce sont les parents ou les familles qui cherchent de l'aide. Parfois, des habitants des zones occupées contactent également SOS Villages d'Enfants et offrent leurs conseils. « Seuls les parents peuvent récupérer leurs enfants. Nous planifions l'itinéraire avec eux, nous les aidons financièrement et nous leur expliquons précisément les mots et les arguments à utiliser auprès des autorités et aux postes-frontières. »
Souvent, les difficultés ne sont pas terminées une fois les enfants rentrés chez eux. « Certains ont été scolarisés dans des écoles russes pendant neuf mois et exposés à la propagande. Cela laisse des traces. Certains enfants sont perturbés et présentent des troubles du comportement », explique Serhii Lukashov. Les parents sont submergés, l'entourage réagit parfois par l'incompréhension ou la discrimination. C'est pourquoi SOS Villages d'Enfants offre du soutien via des travailleurs sociaux et des psychologues.
Pour Serhii Lukashov, cette question restera longtemps d'actualité : « Même lorsque la guerre sera terminée, nous continuerons de rechercher ces enfants ukrainiens. C'est à eux de décider s'ils veulent rentrer. Mais ils ont le droit de pouvoir choisir ! »
SOS Villages d'Enfants est une fédération de plus de 135 organisations membres indépendantes. SOS Villages d’Enfants Belgique est active en Belgique depuis 1963 et coopère avec plusieurs organisations membres à l'étranger, dont SOS Villages d’Enfants Ukraine. Avant même l'escalade de la guerre en 2022, SOS Villages d'Enfants Ukraine apportait déjà son soutien à des enfants et à des familles en situation de vulnérabilité. Pour qu'aucun enfant ne doive à grandir seul.
Apportez votre soutien et soutenez les enfants dans le besoin !